Sébastien, estampillé du maillot « Le Kenyan des Flandres » nous relate sa première participation à l’aventure du « Poupet ».
Récit de son défi.
« Dimanche 8 juin à 9h, je quitte le Val d’Amour pour rejoindre Salins…
Sur le trajet, je ne cesse de le regarder au loin. Je me rapproche inexorablement de lui. A vrai dire, je le vois différemment depuis une bonne semaine. Qu’il me paraît grand aujourd’hui ! Cela fait maintenant quatre mois qu’après une parenthèse de 10 ans, j ai repris une activité sportive pour lui. Le Poupet, seul défi capable de me faire remettre les chaussures de sport. J’en entends parler depuis mon arrivée dans le Jura, il y a 4 ans. Originaire de la cité de Jean Bart dans la Flandre maritime, je n’avais jamais entendu parler de cette course auparavant, d’autant plus que je n’ai jamais fait de compétition de course à pieds de ma vie…
J’arrive à Salins à 9h30. Pour la première fois depuis 4 mois, je sens la pression monter. Je pensais être d’une sérénité à toute épreuve, mais là, ça commence à travailler…
Je me fais déposer par ma compagne et je rejoins le centre-ville. Partout des participants à l’échauffement. Je n’ai même pas encore mon dossard et ne sais surtout pas où le récupérer. Bref je suis à la bourre. Je dois également remettre mon sac de change à la navette. Je me dirige vers la saline. L’organisation est parfaite, rodée et rassurante.
Délesté de mon bardas, le speaker nous demande de nous rapprocher de la ligne de départ. Les premières lignes sont bien fournies, je me place tranquillement dans le dernier tiers, conscient de mon inexpérience.
A part pour amener ma famille en voiture au belvédère, je n’ai jamais fait 100 mètres du Poupet à pieds.
Mon cœur accélère, je fais l’impasse sur l’échauffement. Finir est mon premier objectif, et si possible en bon état.
Les Salinois sur les trottoirs et aux fenêtres donnent un avant-goût de ce que je vais découvrir au fur et à mesure. Un habitué du Poupet me demande mes origines en Flandre. Après quelques minutes de discussion, je lui fais part de mon inexpérience totale en course à pieds. Il me répond: « T’es pas bien de débuter par la montée, t’es un malade ». Je n’ai pas pu cacher mon rictus empli d’inquiétude. « Tout est dans le mental »…
C’est parti ! Nous sortons de Salins et après avoir passé le lycée, nous commençons à apercevoir les coureurs bien en jambes sur la route de St Thiébaud. Tout se passe correctement. Je croise un premier collègue de travail en famille sur le bord de route. Il m’encourage et j’en profite pour faire le malin en accélérant subitement. Mon cardio- fréquencemètre me rappelle à l’ordre très rapidement. Je ne ferai plus le pitre….
On continue, toujours groupés, l’ascension de cette première difficulté. Un proche m’a dit qu il fallait passer les dix premiers kilomètres en étant frais donc je gère. Le paysage est grandiose, les spectateurs géniaux et nombreux.
Le premier épongement est déjà fortement apprécié, on continue, le moral est là.
J’arrive a St Thiébaud en me disant que c’est déjà une bonne chose de faite. Les villageois nous encouragent, je découvre cette ambiance, tout va crescendo. A la sortie on entame la descente vers Ivrey. Tout en restant concentré, je profite du paysage. J’ai l’impression de m’éloigner du Poupet. A Ivrey, l’ambiance est très chaleureuse, familiale et musicale. Sans ses spectateurs, la montée ne serait certainement pas ce qu’elle est. Je croise du regard une cousine, étonnée de me voir sur le Poupet et un collègue salinois en spectateur pour une fois.
A la sortie du village, à presque une heure de course, je profite d un jet d’eau proposé par une spectatrice et j’entame une partie dont je savais devoir me méfier. Je n’ai pas été déçu ! Qu’elle est longue cette côte… La chaleur se fait alors cruellement sentir. Les premiers viennent d’arriver.
J’arrive au Crêt du Feu avec le moral au beau fixe. Les deux premières ascensions sont derrière moi, le ravitaillement arrive à point nommé.
J’entame la descente du « Gour de Conche ». Cette partie ombragée me permet de me préparer psychologiquement à la dernière grimpette, la plus réputée. Celle qui m’impressionne toujours alors que je ne la pratique qu’en voiture, « la Côte Guillaume ».
A cet instant, un début de crampe me ramène brusquement à la réalité de la dureté de l’épreuve. Comme il a déjà été dit, durant cette épreuve, c’est le Poupet qui nous fait.
Je continue et approche du fameux virage. Je ne le vois pas encore mais je l’entends… J’approche à grand pas et découvre la foule massée autour de moi. Je me rappelle m’être dit « Que c est beau ! » Ma compagne doit être là, comme elle me l’a dit. C’est « l’Alpe d’Huez » du Jura, je reste scotché.
Les spectateurs se massent autour de nous, c’est impressionnant, jubilant, par endroit on doit se resserrer pour avancer.
Sabrina est là, son large sourire me réconforte, elle m’encourage, je ne peux qu’avancer vers l’arrivée. Les spectateurs, les premiers coureurs regagnant Salins, tout le monde s’y met. Je souffre, tout le monde souffre, je bloque, les crampes m’empêchent de prendre mes appuis, je me résous à terminer tantôt en trottinant, tantôt en marchant, je ne peux mieux faire alors que j’ai encore du jus. Tout le monde nous encourage, on me promet une bière et des frites à l’arrivée, je sais que pour une première et malgré mes 2,5 derniers kilomètres à la marche, je vais être en dessous de 2 heures. Je vois la ligne d’arrivée, toujours et encore des applaudissements… Enfin, ça y est ! C’est fini : 1 heure, 54 minutes et 14 secondes.
Sabrina me rejoint à l’arrivée. J’ai réussi mon défi. J’en ai d’autres de ce type dans les cartons mais pour le premier, je ne suis pas déçu. Je revis ma course, j’ai le sourire. Merci aux Jurassiens et Franc-Comtois pour leur chaleureux soutien, leurs sourires et leur gentillesse. C’était exceptionnel ! Bravo aux bénévoles, aux secouristes, et aux organisateurs. Je reviendrai…
Article publié dans l’ HEBDO 39 le 11/06/2014
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[…] tous les horizons gravir les pentes du mont Poupet dans une ambiance digne du Tour de France (cf. le témoignage du Kenyan blanc).Le mont Poupet, c’est aussi du parapente (6 aires d’envol […]